18 Avr Pourquoi avons-nous créé une maison d’édition jeunesse artisanale ?
Chez Cosette, nous faisons plein de choses différentes,
mais tout à commencé avec des albums jeunesse !
Et comme tout ce que nous faisons, nos albums sont réalisés de manière artisanale.
Mais pourquoi avoir fait ce choix ? La raison est très simple : elle est à la fois idéologique et écologique.
Tout d’abord, pour comprendre pourquoi on a voulu faire autrement, il faut comprendre comment l’industrie du livre fonctionne.
Les livres aujourd’hui sont principalement imprimés en Europe de l’Est, en Italie ou en Chine (surtout les livres-jeux, les livres musicaux ou les pop-up). Ils doivent donc faire la route de chez l’imprimeur jusqu’aux stocks des distributeurs (ceux qui gèrent les stocks de livres des éditeurs et les livrent), puis sont envoyés à Paris, à Prisme, une entreprise qui enverra les livres dans toutes les librairies de France de manière centralisée. Un livre fait donc un long voyage avant de rejoindre votre librairie locale !
A cela s’ajoute le fait qu’environ 26 300 tonnes de livres partent au pilon chaque année en France, cela représente 13,2% de la production éditoriale détruite sans même avoir rencontré un seul lecteur. Ces livres sont recyclés mais ne peuvent que très difficilement devenir d’autres livres (seulement 5,4% d’entre eux le sont), ils sont alors transformés en carton ou autre emballage en papier (ce processus demande par ailleurs une importante quantité d’eau).
Les livres sont principalement détruits pour 2 raisons:
- Ils sont arrivés abîmés chez le libraire : pas de chance, ils sont invendables !
- L’éditeur a imprimé plus de livres qu’il ne va en vendre : pas de chance non plus, le stockage coûte plus cher que la destruction.
Le tirage moyen d’un livre (le nombre d’exemplaires qu’on imprime) est en moyenne de
5 000 exemplaires (pour la moyenne basse), et les ventes moyennes sont de 4 090 exemplaires. Mais attention, ce chiffre comprend autant les best-sellers que les petits livres confidentiels vendus à 10 exemplaires, il est donc à prendre avec beaucoup de recul. Et déjà, on remarque que presque 1 000 livres finissent à la poubelle. Et cela uniquement pour un titre !
En France, ce sont environ 200 livres qui sont publiés par jour, le calcul est vite fait…
Les livres restent également rarement plus de 6 mois en librairie car de nouveaux livres doivent prendre leur place, et les librairies ne peuvent pas étendre leurs murs à l’infini.
C’est donc dans l’espoir de pallier un peu à ce phénomène, que, à notre échelle de colibris, nous avons fait le choix de l’édition artisanale, à hauteur d’Homme et en accord avec nos valeurs.
Nous avons pris la décision d’imprimer nos livres au fur et à mesure des ventes, localement à 900 mètres de notre atelier, puis de les fabriquer à la main avec des matières premières simples et majoritairement issues d’enseignes respectueuses de l’environnement.
Souvent on pense que notre démarche est écologique parce que nous faisons des livres avec du carton, mais en réalité ce qui nous permet le plus de réduire notre impact c’est le fait de faire moins mais mieux et d’avoir 0 pilon !
Il est important pour nous de défendre l’importance du retour au travail manuel et la réhabilitation des métiers d’artisans qui sont souvent rabaissés dans notre société, alors même qu’ils requièrent un grand nombre de compétences et de connaissances spécifiques.
L’aspect artisanal de notre travail est essentiel pour nous, car ce sont des emplois qui donnent du sens au travail, autrement que par la simple production de richesses.
Car si nous arrivons aujourd’hui à vivre de notre travail et que nous nous sommes beaucoup développés ces dernières années, nous ne souhaitons pas grandir davantage.
L’objectif est de garder Cosette à hauteur de mains humaines, et de ne pas avoir recours à une mécanisation afin de suivre un rythme de production plus important. Comme on dit toujours : “Notre ambition c’est de rester petits !”
Cela fonctionne main dans la main avec notre volonté de garder notre économie locale et circulaire, en vendant nos produits principalement dans notre atelier et dans certains commerces locaux, mais aussi en faisant appel à des spécialistes locaux pour leur création, tel qu’un sérigraphe pour les couvertures, ou notre imprimeur !
Notre travail ne va pas révolutionner l’industrie du livre, mais au moins, il nous permet d’éviter la dissonance entre ce que nous produisons et ce en quoi nous croyons.
Voilà pourquoi nous avons fait le choix de revaloriser l’artisanat dans le secteur de l’édition jeunesse.
Sources:
https://www.sne.fr/economie/chiffres-cles/
Lectures complémentaires :
Mr Mondialisation : https://mrmondialisation.org/vendre-et-acheter-des-livres-autrement/
Article de Reporterre : https://reporterre.net/Ces-maisons-d-edition-bousculent-les-codes-pour-faire-du-bien-a-la-planete
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